God save la France, Stephen Clarke (2004)
Titre original: A year in the merde
Paul West est un winner. 27 ans, beau gosse, ce britannique ambitieux débarque à Paris la tête farcie de rêves. Embauché par l'entreprise française Viandiffusion, il a un objectif bien précis : ouvrir et développer une chaîne de salons de thé dans la plus pure tradition anglaise. Ses illusions ne survivront pas à la rencontre de ses collègues. Bernard le morse, Marc le confédéré, Stéphanie la rombière, tous ont en commun une formidable incompétence matinée d'une paresse indéfectible. Entre 2 dérapages sur des fientes canines, notre pauvre rejeton d'Albion se consacre également à son hobby favori, l'étude de la faune féminine locale. Là encore, la réussite n'est pas au rendez-vous. Méprises éthyliques, différences inconciliables, mantes religieuses, ses histoires d'amour se finissent invariablement mal. Mais d'autres ennuis plus sérieux l'attendent encore…
Journaliste britannique exilé depuis 10 ans en France, Stephen Clarke caricature les travers hexagonaux avec l'humour pince sans rire inhérent à sa nationalité. Les comparaisons hilarantes se succèdent, les conversations anglophones rendent pleinement la puissance désopilante d'un accent français ridiculisé. Partagé entre fou rire et gêne, le lecteur retrouve des parisiens arrogants à souhait, des secrétaires acariâtres, des garçons de café acariâtres (mais diaboliquement efficaces), des éboueurs en grève, des pharmaciens en grève, une RATP en grève… sans parler d'une administration oiseuse source de bien des vicissitudes. Biaisés à l'extrême, les personnages se disputent à coup de préjugés et l'auteur ne perd jamais une occasion de défendre sa mère patrie. Non la gastronomie anglaise n'est pas une zone minée, non les anglais ne soutiennent pas tous aveuglément les USA, contrairement aux croyances populaires d'une masse française toujours prompte à se perdre en verbiages politisés. Lucide, Stephen Clarke parvient à éviter l'écueil du pamphlet réducteur grâce à une autodérision salutaire. Car son héros n'est rien d'autre que le croisement douteux entre David Beckham et Hugh Grant. Intéressé, parfois franchement rustre, Paul West incarne une Angleterre oscillant entre repli insulaire et course au profit démesurée. Rien à voir avec le gentleman espéré par ses conquêtes. Si les anglo-saxons ont abandonné leurs casques à pointes depuis le IXè siècle, leur rudesse perdure sous un vernis guindé.
Originalement conçu comme un guide de survie à l'usage de britanniques perdus chez les fromages qui puent, "God save