Fatals Picards- Le Noumatrouff, Mulhouse, 14 Avril 2007
Qu'elles contiennent un public fanatique ou protègent une sono fragile, les barrières de sécurité constituent l'Eden de tout spectateur fatigué et désireux de se cramponner à un dernier vestige de stabilité. Ce show des Fatals Picards, plein de sueur et de pogos, ne dérogea pas à la règle…
Pleine comme un œuf pressé d'éclore, la petite salle mulhousienne attend les nordistes rigolards avec une impatience fébrile. Les Suprêmes Dindes, quatuor mixte et partiellement travesti, se chargent de chauffer la foule pour une heure de rock'n'roll sauvage. Un peu trop, peut-être, tant la chanteuse Jacqueline caquette des textes incompréhensibles entre deux solos rageurs. Malgré l'évidente et lassante répétitivité de son répertoire, le groupe évite heureusement la débâcle grâce à ses costumes de secrétaires décadentes et son enthousiasme contagieux. Cette dernière qualité caractérise également à merveille les Fatals Picards. Portés par leurs textes d'une hilarante ironie, les cinq eurovisionnaires cassent du sucre sur le dos d'Amélie Poulain, décrivent un célibat loufoque et lamentable (Seul et célibataire), croquent avec la même féroce tendresse chasseurs (Chasse, pêche et biture) et joueurs de djembé (Djembé man). Le public tangue, des banderoles en l'honneur des héros fleurissent lorsque Goldorak est mort retentit pour la pseudo-fin du concert. Le premier rappel verra le groupe tenter de calmer un mouflet braillard avec Dors mon fils, une comptine passablement énervée, tandis qu'un medley clora définitivement le show, au grand dam d'un public légitimement ravi. A la fois simples et drôles, les Fatals Picards remontent à contre-courant une scène française parasitée par les clichés bien-pensants des niaiseux Tryo et l'intellectualisme de vernissage de Vincent Delerm. Un grand merci aux gars du Nord pour leur spontanéité et leur second degré.