Bloc Party - A weekend in the city (2007)
Note album : 4/10
Because
On devine alors aisément le désarroi du songwriter, sommé par sa maison de disques de pondre dans les meilleurs délais un digne successeur au très rémunérateur "Silent alarm". A sec musicalement mais tenaillé par l'ambition de remplir le Wembley Stadium, notre homme entama une métamorphose aussi suicidaire artistiquement que rassurante financièrement. Sous l'égide d'une production gonflée à l'hélium et d'un chant moins haché, Bloc Party est devenu un groupe de stade, comme Muse, U2 ou The Killers. Plus rusé que ses prédécesseurs, le quartet a cependant tenté de camoufler cette honteuse conversion sous le pompeux couvert d'un album concept bien-pensant et politiquement engagé. Après tout, pourquoi se priver ? Les parigots de Rock & Folk n'y ont vu que du feu, tout comme leurs cousins rosbifs du NME. Ils ne sont pas les seuls, loin de là.
Muse, U2, The Killers. La trinité avortée du rock'n'roll a décidément très largement inspiré Kele Okereke & co pour ce disque dont le son grandiloquent ne masque aucunement la vacuité. Le lyrisme ampoulé de Matt Bellamy investit sans vergogne "Song for clay (disappear here)", le jumeau raté du torturé mais émouvant "New Born". The Edge et sa guitare dégoulinante déboulent tout droit de l'interminable "I still remember". Quant au prétentieux Brandon Flowers, la patte de sa moustache se retrouve indéniablement sur le doucereux "Waiting for the 7.18", la bande son idéale pour la nouvelle pub Nutella. Plus supportables, le tribal "The prayer" et surtout "Hunting for witches", un cri de désespoir contre la menace terroriste grandissante, viennent légèrement redorer le galon d'"A weekend in the city", tout comme les explosifs "Banquet" et "Helicopter" avaient sauvé de la débâcle le déjà pénible "Silent Alarm". Le reste de ce deuxième opus se révèle insignifiant à souhait, avec ses ballades creuses ("Kreuzger"), ses accès homériques mal maîtrisés ("Uniform") et ses percussions migraineuses ("Sunday"). Tant de platitude devrait assurer au groupe une place de choix sur les ondes hertziennes, bien au chaud à coté de Razorlight.
Classe : "Hunting for witches"
Crasse : "I still remember"
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