Sean Lennon - Friendly Fire (2006)

Publié le par Alex la Baronne

Note album : 8,5/10


Nul besoin d'aller chercher bien loin la comparaison. Ses petites lunettes rondes calées sur un nez légèrement busqué, Sean Lennon cultive l'ambiguïté d'une ressemblance troublante. De là à considérer le talent comme héréditaire, il n'y a qu'un pas, souvent hâtivement franchi. Comme si une belle voix ou un beau coup de pinceau pouvaient se transmettre de génération en génération. Cette absurdité, malheureusement relayée à l'envi, ne semble pas perturber le "fils à papa", auteur d'un élégant second album aux influences ataviques sobrement revendiquées. Car Sean Lennon a parfaitement peaufiné ses chansons, 8 ans après un premier disque très confidentiel, et ceci sans céder aux leurres de majors prêts à établir leur stratégie marketing sur son simple patronyme.

Le constat s'impose d'emblée: "Friendly Fire" vaut largement plus que son prix vert estampillé FNAC. Producteur, designer et songwriter, Sean Lennon a également adjoint à son disque un charmant film musical. Cette agréable attention, bien rare en ces temps où la musique s'apparente de plus en plus à un simple fichier informatique, transporte gracieusement dans de doux songes colorés. Tour à tour extraterrestre sympa ("Headlights", "Would I be the one"), officier transpercé ("Dead meat") ou encore pêcheur gaffeur ("Wait for me"), le chanteur se montre un acteur aussi sincère que touchant. "Spectacle", véritable clin d'œil visuel au "Murder on the dance floor" de Sophie Ellis Bextor, révèle également un humour plein d'auto-dérision, avec notre héros involontairement grimé en clone de Raphaël Mezrahi. Dans un milieu de film plus grave, l'adultère est également finement évoqué ("Friendly Fire", On again off again"), et l'on retrouve tout au long des vidéos quelques têtes connues, telles celles d'Asia Argento ou de Lindsay Lohan. En parfaite symbiose avec les images, les titres s'enchaînent délicatement, révélant de subtils arrangements de cordes ("Dead meat", "Spectacle") et une douce mélancolie acoustique, notamment avec le superbe "Friendly Fire". Ce spleen, à la longue un peu oppressant ("Tomorrow"), prend fin avec un ludique et très lennonien "Headlights", avant un final psychédélique, où "Would I be the one" (une reprise de Marc Bolan) côtoie le poignant "Falling out of love". Bien que souvent tristounets, ces 10 titres ont passé très vite, aussi bien dans leur version imagée que purement musicale.

Alors, bien sûr, les esprits chagrins y trouveront toujours à redire. Certes, "Friendly Fire" n'est pas le "Sgt Pepper" de son époque. Mais au lieu de faire le connard dans Voici avec d'autres illustres rejetons, Sean Lennon compose une pop psychédélique de grande classe. Et en plus, il chante très bien.

 

Classe : "Friendly Fire"

Crasse : "Tomorrow"

Publié dans Pop rock classe

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A
Ah, c'est tellement agaçant de devoir revendre un disque... En général, personne n'en veut !
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O
J'ai bien apprécier cet album, plus que son premier que j'ai revendu depuis !
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A
Ouaiiiis, on est d'accord ! Ca me rassure, car je fais beaucoup de pub pour l'album et je me demande seulement après si les gens ne vont pas m'en vouloir !
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T
J'aime beaucoup aussi (on est d'accord ? noooon ???)
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A
Son fim le laisse en effet fortement supposer !
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